Intervew avec Hans KungInterview avec Hans Küng, 11 avril 2007

Fondation Ethique Planétaire
http://classic.weltethos.org/dat_fra/00-lexnews.htm

hans-kung

 

A l'occasion de la sortie de son premier volume de Mémoires (Éditions du Cerf), LEXNEWS a eu l'immense plaisir d'interviewer l'une des figures marquantes de la théologie en la personne de Hans KÜNG. Témoin et acteur du Concile Vatican II, intellectuel aussi raffiné que redoutable, Hans KÜNG ne peut laisser indifférent. Son parcours exceptionnel retracé dans ses Mémoires démontre que le courage de l'action ne va pas sans sacrifices, sacrifices qui paradoxalement peuvent amener à des voies supérieures. Démonstration avec un homme d'intelligence !

LEXNEWS : « Votre formation au PontificumCollegiumGermanicum nous apparaît en ce début de XXI° siècle comme particulièrement rigoureuse, comment la jugez-vous aujourd'hui (au sens large) en comparaison à l'éducation des jeunes d'aujourd'hui ? Et en quoi a-t-elle été déterminante dans vos recherches futures ? »

Hans KÜNG : « La méthode pédagogique du Collège germanique des années 48-55 est aujourd'hui tout à fait dépassée, y compris dans le cadre de ce même collège. Les belles soutanes rouges ont été abolies et pratiquement rien n'est resté tel que c'était à l'époque. Je dois préciser deux ou trois choses. Tout d'abord, je suis très heureux d'avoir reçu cette éducation tout à fait classique, non seulement du point de vue théologique, mais aussi du point de vue spirituel. Je me demande si l'on ne néglige pas trop aujourd'hui cette formation spirituelle qui était très importante pour nous à l'époque. Je vous donne un exemple : Je viens de recevoir aujourd'hui un très beau livre sur Ignace de Loyola et cela m'évoque immédiatement cette pratique des exercices spirituels, qui a été si importante pour moi. Précisément du fait de certaines contraintes, mais également à cause des conflits vécus, j'ai pu mûrir et d'une certaine manière être bien mieux préparé. Dans ce sens-là, pour citer Édith Piaf, je ne regrette rien !

Un certain climat d'ouverture d'esprit régnait à l'Université Grégorienne et dans notre Collège. Je n'ai eu aucune objection au choix de Jean-Paul Sartre comme sujet de petite thèse en licence de philosophie. On a trouvé cela assez normal et c'est d'ailleurs à ce moment que des cours spécifiques ont été créés pour répondre à des problèmes de l'époque. Ainsi, je me souviens d'un Père Arnou, un Français, qui faisait à l'époque des développements sur la nouvelle anthropologie, et en ce sens, il n'y avait pas de restrictions.

Je crois qu'il n'est pas possible de renouveler aujourd'hui cette même éducation qui nous avait été dispensée à l'époque. Néanmoins, je regrette beaucoup l'aspect universel de cette éducation, une éducation profondément humaniste que j'avais déjà reçue à Lucerne, au lycée. Je pense que l'on a trop négligé les oeuvres classiques pour être trop moderniste au bénéfice de la littérature triviale. Et il me semble que l'on n'a pas fait cet effort de poursuivre l'enseignement de ces humanités. J'ai gardé personnellement cet enseignement comme une dimension de ma vie tout entière. J'ai pu écrire tout autant sur l'origine de notre humanité, sur la biologie moléculaire, l'astrophysique, mais aussi sur la musique avec Mozart, Wagner, Bruckner,... et, entre la musique et la physique, j'ai traité presque tous les problèmes sur Dieu et le Monde. Cela présupposait déjà une éducation générale mais également une curiosité intellectuelle sans limite que j'ai gardée jusqu'à aujourd'hui. »

LEXNEWS : « Vos premiers écrits revendiquent une rare liberté d'esprit pour un jeune théologien formé à l'école romaine. De même, votre volonté d'œcuménisme tranche sur un très grand nombre de vos contemporains suivant une voie plus « docile »... »

Hans KÜNG : « je pense que ma nationalité suisse, mes expériences pendant la seconde guerre mondiale, mon esprit antinazi, mon sens de liberté ont fortement influencé cette liberté. Cela a grandement joué dans ma résistance face à Rome lorsque l'on a cherché à me former d'une certaine manière excessive. Nous avions heureusement à l'époque au Collège un directeur spirituel jésuite qui a approuvé mon chemin. Il ne m'a jamais dit « non » ou « que cela était impossible ». Très tôt, il m'avait dit : « vous n'êtes pas né pour ce Collège, vous êtes né pour la vie ». Il signifiait par là, qu'il était tout à fait normal que je sois de moins en moins à l'aise dans le cadre de cet enseignement. Grâce à cela, j'ai trouvé mon chemin et évidemment, j'ai toujours été très heureux d'avoir reçu tous les talents nécessaires pour faire ce chemin. Cela m'a aidé également à ne pas me révolter dans les conditions très difficiles que j'ai pu connaître par la suite avec un Dieu qui exige de trop, même si je connaissais déjà la réponse : tu as reçu tout ce qu'il te faut, ne te complains pas ! »

LEXNEWS : « Pourriez-vous nous rappeler l'importance de la question de la doctrine chrétienne de la justification à laquelle vous avez consacré un important travail de recherche et qui conduira à la publication d'un livre essentiel portant ce titre ? »

Hans KÜNG : « Cela n'est en fait pas si difficile que cela à comprendre. Un catholique a appris évidemment que les bonnes oeuvres sont importantes et que la foi sans les oeuvres n'est rien. J'ai tout d'abord étudié le Concile de Trente, puis la théologie de Karl Barth, et j'ai découvert une dimension [spirituelle] qui m'a beaucoup aidé dans la vie, et qui me semble également importante pour l'homme d'aujourd'hui. Il ne s'agit plus, de nos jours, des oeuvres pieuses comme au Moyen-Âge mais des oeuvres tout court, en allemand nous les nommons « Leistung », c'est-à-dire un accomplissement. Un homme aujourd'hui qui n'est pas performant n'est rien. J'ai appris que, devant Dieu, la perspective est différente. Cela ne dépend pas de vos accomplissements, même s'ils sont nécessaires. Ce n'est pas le critère majeur. Le critère final, et ce point est très important, c'est une confiance radicale en Lui, à l'image de Saint-Pierre sur l'eau. On ne va pas s'attacher aux tempêtes, mais on doit regarder le Seigneur et aller de l'avant. Pour moi, il était très important de savoir que j'avais cette relation immédiate qui me rend libre vis-à-vis des autorités ecclésiastiques, et de toute autorité de manière générale, ma dernière responsabilité étant celle de ma conscience envers Dieu. Mon attitude fondamentale est celle d'une conscience raisonnable, mais inébranlable, en Dieu. »

LEXNEWS : « Le Concile Vatican II, auquel vous avez participé activement en tant que conseiller, vous laisse à la fois l'impression d'œuvre inachevée, fruit de trop grands compromis, et en même temps, le sentiment d'être parvenu à un stade nouveau de non-retour dans l'évolution de l'Eglise. Quels sont vos sentiments aujourd'hui face aux difficultés de l'Eglise du XXI° siècle ? »

Hans KÜNG : « Oui, cela a été un changement fondamental pour l'Église catholique par rapport à deux autres changements de paradigme : à savoir celui de la Réforme et celui des Lumières. Je crois qu'il ne sera pas possible de revenir là-dessus. Certaines personnes évidemment à Rome essayent d'aller à contresens mais il ne sera jamais possible de revenir de nouveau au latin comme langue dominante de la messe. D'autre part, je dois dire que la Curie romaine, malheureusement, fait tout pour éviter que ce changement de paradigme soit pleinement réalisé.

Nous avons partout des compromis, des demi-mesures. L'exemple classique concerne précisément le latin. Il n'a pas été dit clairement : voilà nous célébrerons désormais en langue populaire. Déjà à l'époque, j'avais précisé que cela conduirait à une très grande confusion. Le deuxième exemple concerne le contrôle des naissances. Nous étions à l'époque totalement ambiguë quant au texte lui-même, ainsi que dans les notes où a pu être citée l'encyclique contre la contraception. Et il était évident à l'époque que cela entraînerait à l'avenir de nombreuses difficultés. D'autres sujets cruciaux ont été écartés comme ceux du célibat des prêtres et de l'intercommunion entre catholiques et protestants ; Je pense sincèrement que tous ces compromis ont joué dans les difficultés que connaît l'Église aujourd'hui. Si nous avions eu une discussion ouverte sur la contraception, je suis sûr que nous aurions eu le même vote que celui concernant la liberté religieuse. Cela avait été une très grande bataille et je pense que nous aurions pu obtenir le même nombre de voix pour un célibat volontaire. Mais, la Curie romaine savait cela à l'avance et a tout fait pour défendre une position conservatrice. Il était en effet prévisible que cela aurait des conséquences sérieuses après le Concile. J'étais très tôt convaincu que cela était catastrophique, et même suicidaire, pour l'Église elle-même. On voit très bien de plus en plus que cela conduit à une diminution des vocations et à des scandales sexuels dans le clergé. Même si cela n'est pas le seul facteur, cela reste un point central et symbolique de ne pas vouloir donner la liberté aux jeunes gens de choisir s'ils souhaitent être mariés ou pas. »

LEXNEWS : « Que pensez vous de la position du pape Benoît XVI, que vous avez bien connu, dans son exhortation Sacramentumcaritatis sur la confirmation de la doctrine de l'Eglise en matière de célibat sacerdotal ou l'impossibilité de sacrements aux divorcés remariés tout en saluant l'importance des réformes de Vatican II. De même, comment réagissez vous à la condamnation du théologien jésuite Jon Sobrino pour ces études sur Jésus manifestement peu appréciées du Vatican? »

Hans KÜNG : « J'ai beaucoup loué l'Encyclique sur la Charité, c'était surprenant, positif et constructif. Mais, je pense en même temps que cette exhortation Sacramentumcaritatis ne tire pas suffisamment les conséquences que j'avais souhaitées en proposant une seconde encyclique sur les structures de l'église, sur le personnel,... C'est même plutôt le contraire, et malheureusement le Pape Ratzinger n'a pas cette liberté que l'on avait pu souhaiter. Nous attendons encore une action courageuse de lui.

Quant à Jon Sobrino, je le connais très bien. Il a participé à une série de 7 documentaires, qui existent d'ailleurs en français, sur les grandes religions du monde. J'ai précisément commencé le film sur le Christianisme au Salvador parce que j'ai voulu montrer que le Christianisme est une pratique et pas seulement une théorie. Lors de la réalisation du film, nous avons tourné dans une région très pauvre proche de l'église où l'évêque Romero avait été assassiné. J'ai alors demandé à mon ami Jon Sobrino s'il voulait lui-même célébrer la messe. Et alors qu'il avait été très enthousiasmé, il a fini par refuser de peur que cela lui nuise ! Évidemment, je connais ce genre de problème, et je comprends sa réaction. En fait, on reproche à Jon Sobrino les mêmes choses que l'on reprochait à mon livre « Etre chrétien ». Je pense fondamentalement qu'il faut annoncer au monde Jésus Christ et non un énième concile ou une formule toute préparée. J'estime que cette démarche est courageuse, qu'il a fait un très grand effort pour présenter la figure de Jésus Christ dans le contexte de L'Amérique latine. Je trouve assez stupide de réagir aujourd'hui contre un livre publié il y a vingt ans ! Il est très décevant de constater que sous Benoît XVI, nous avons encore les mêmes méthodes inquisitoriales. Heureusement, aujourd'hui, tout cela a moins de portée qu'autrefois, ces mesures ne sont plus véritablement efficaces et n'empêchent nullement la parution de livres. Qui plus est, Il y a aujourd'hui toutes sortes de possibilités de parler, à la radio, à la télévision, sur Internet... »

LEXNEWS : « Nous passerons sur les nombreux conflits et trahisons qui ont jalonné votre vie, prix à payer d'une liberté chèrement acquise, pour souligner vos combats actuels. Vous insistez très tôt, dés vos premiers cours à l'Université de Tübingen (1960) sur l'évolution majeure de l'existence humaine ainsi que sur le changement essentiel de paradigme au cours du XX° siècle. En ce début de XXI° siècle, votre Fondation Weltethos pour une éthique planétaire poursuit-elle, et de quelle manière, cette profonde conviction ? »

Hans KÜNG : « Les choses ont changé. Dans mon second volume de mémoires que je viens de terminer et qui paraîtra en septembre en allemand sous le titre « UmstritteneWahrheit », « Mon combat pour la vérité », on lira que mon histoire va devenir tout à fait dramatique. Je dois en effet raconter cette grande confrontation que j'ai dû subir face au Vatican en 1979. À cette époque, par un coup de force, on m'a enlevé le droit canonique d'enseigner. C'est une histoire très triste mais à la fin glorieuse parce que cela m'a libéré de beaucoup de choses et cela m'a donné des possibilités tout à fait nouvelles. Rome n'est pas arrivé à me dépouiller totalement de ma position à l'Université, j'ai gardé ma chaire, j'ai pu garder mon Institut ainsi que mon équipe et j'ai ainsi pu me diriger vers de nouvelles frontières. Dans ce sens, j'ai été confronté très tôt à la nécessité d'un dialogue entre les religions. Dès les années 80, j'ai pu mettre les fondements de toute la théorie en réalisant un dialogue concret avec le Judaïsme mais aussi l'Islam ainsi que les religions indiennes et chinoises. J'ai ainsi pu être très bien préparé pour une période nouvelle, et dans ce sens, ces quatre mois, même s'ils ont été les plus tristes pour moi en 1979, ont été la condition d'une liberté inouïe par la suite. Cela m'a en effet permis d'ouvrir des horizons vraiment nouveaux et d'aller plus loin. Si le dialogue des religions implique une dimension politique, cela va encore plus loin. J'ai en effet fait une découverte décisive : les différences dogmatiques, par lesquelles j'ai évidemment commencé venant de la discipline théologique, sont beaucoup plus grandes que dans l'éthique. Dans mes premiers livres, je n'avais pas fait beaucoup attention à l'éthique, on trouvait cela normal. Ce n'est que plus tard que j'ai observé que les échelons éthiques [élémentaires] dans les différentes religions étaient à peu près les mêmes : vous avez la règle d'or chez Confucius, vous avez tous ces grands impératifs humains pour que l'homme soit vraiment homme. Vous constatez ainsi dans toutes les grandes traditions religieuses les mêmes préceptes : ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas abuser de la sexualité,... Cela a été à l'origine de l'idée d'une éthique planétaire qui peut être aujourd'hui la solution, y compris en France où il y a encore cette séparation très malheureuse opérée par la révolution française entre les cléricaux catholiques et les laïques. L'éthique planétaire donne pratiquement raison aux deux parties. Vous pouvez garder votre foi chrétienne, catholique, mais cela ne vous empêche pas non plus d'appliquer ces principes éthiques communs. Le pape Benoît XVI avait partagé cette opinion lorsque nous en avions parlé ensemble à Castel Gandolfo. D'autre part, les laïques qui sont toujours nerveux sur ces questions des religions pourraient accepter cette éthique planétaire sans être obligés d'accepter une religion. Un agnostique, un athée ou un laïc peuvent également adhérer à cette idée. »

LEXNEWS : « Est il possible de dire que par cette démarche vous allez encore plus loin que l'œcuménisme ? »

Hans KÜNG : « Oui, c'est en effet un oecuménisme entendu dans son sens le plus large. En fait j'ai travaillé en trois étapes. J'ai tout d'abord réfléchi à l'unité des églises puis, dans la deuxième période, j'ai travaillé pour la paix entre les religions et, finalement, mes dernières recherches ont porté sur la communauté des nations. J'ai en effet beaucoup travaillé avec les Nations Unies, pour l'Unesco...Si vous voulez du latin je pourrai ainsi résumer mon action : UnitasEcclesiarum, Pax Religionum, et UnitasNationum qui forment en fait pratiquement trois cercles de plus en plus élargis. »

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Biographie (Wikipedia)

Après avoir fait des études en théologie à Rome à l'Université grégorienne, il est ordonné prêtre en 1954. Il continue ses études dans diverses universités européennes, dont la Sorbonne à Paris où il soutient une thèse de doctorat intitulée « La justification. La doctrine de Karl Barth et une réflexion catholique ». En 1960, Hans Küng est nommé professeur de théologie à l'université Eberhard Karl de Tübingen, en République fédérale d'Allemagne. Il y a pour collègue Josef Ratzinger (futur pape Benoît XVI), avec qui il participe au concile Vatican II comme théologien expert (peritus). Cette expérience le marquera profondément.

Au cours des années 1970, Hans Küng publie de nombreux ouvrages tout en poursuivant son enseignement. Il se fait remarquer dès le début de la décennie en publiant en 1971Infaillible ? Une interpellation dans laquelle il remet en cause un certain nombre d'affirmations de la doctrine catholique consacrées par le concile Vatican I (1870), durant lequel avait notamment été proclamé le dogme de l'infaillibilité pontificale. Il réagit aussi, par ce livre, à l'encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI (1968), qui condamnait toute forme de contraception1. C'est également à cette époque qu'il publie son monumental Être chrétien, qui est en quelque sorte un exposé raisonné de son système théologique. À la publication de cet ouvrage, la Conférence épiscopale allemande en critique vivement « la méthode de travail théologique, négligeant la tradition de foi de l'Église, et l'utilisation de passage des Saintes Écritures choisis de façon très arbitraire, ce qui conduit à un appauvrissement du contenu de la foi. ». Les évêques allemands reprochent notamment à Küng de réduire le Christ à un simple représentant de Dieu et de minimiser l'action de ce dernier2.

En décembre1979, suite à une longue controverse avec Rome et spécialement la Congrégation pour la doctrine de la foi, il se voit retirer sa missiocanonica (reconnaissance officielle de l'Église catholique romaine qu'un professeur est habilité à enseigner la théologie et à participer à la collation des grades universitaires catholiques). Il est maintenu à l'université Eberhard Karl de Tübingen comme professeur et directeur de l'institut des recherches œcuméniques.

Il cesse officiellement son enseignement en 1996.

Le Weltethos

Il se dévoue depuis 1993 à la fondation « Pour une éthique planétaire » (Weltethos) qui cherche à développer et renforcer la coopération entre les religions au-delà d'une vague reconnaissance des valeurs communes. Il cherche particulièrement à initier de véritables initiatives pratiques en vue de la paix et du développement. On peut consulter son site qui inclut la déclaration pour une éthique planétaire3. Cet engagement lui a valu de recevoir le Prix Niwano de la paix en 2005.

Pour lui, les différentes religions sont ou devraient être au service de l'homme et ne devraient être que des aspects secondaires d'une éthique humaine, et donc mondiale (la « Weltethik »), plus fondamentale, où - finalement - Dieu est au service de l'homme.

Une position critique envers la hiérarchie catholique

En 1995, lors de la publication de l'encyclique Evangelium Vitæ (sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine) du pape Jean-Paul II, Hans Küng accuse ce pape d'être « un dictateur spirituel voulant détruire la liberté de conscience », de vouloir faire taire les dissidents dans son Église et d'imposer sa morale au reste du monde4.

Hans Küng a déclaré en 2003 chercher une « réconciliation pragmatique » avec Rome. Le cardinalKarl Lehmann, de Mayence, a déclaré alors à la presse que son attitude était une « remarquable expression de bonne volonté » et annoncé son intention d'intervenir à ce sujet auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi5.

En septembre 2003, il publie un article dans le Monde des Religions, pour affirmer que la repentance de l'an 2000 est un geste médiatique qui n'a pas été suivi d'actes majeurs tendant à la concrétiser.

En 2005, alors que le pape Jean-Paul II agonise, il dresse une analyse de son pontificat, qui restera selon lui « comme une grande espérance déçue et, finalement, comme un désastre », et aura plongé l'Église « dans une crise qui fera époque6 ». Bien qu'ayant déclaré son inquiétude lors de l'élection du cardinal Josef Ratzinger comme pape sous le nom de Benoît XVI, Hans Küng a longuement été reçu par celui-ci à Castel Gandolfo le 24 septembre 20057.

A l'annonce de la publication de la constitution apostolique AnglicanorumCoetibus permettant la création de structures pouvant accueillir des groupes anglicans réfractaires au sein de l'Église catholique, Hans Küng publie un article très critique dans différents journaux européens soulignant ce qu'il interprète comme un enterrement d'années de travail vers l'œcuménisme et comme une opération motivée par une résurgence du centralisme romain qui ouvrirait la porte aux « hypertraditionalistes » anglicans8. Le lendemain, Gian Maria Vian, rédacteur en chef de L'Osservatore Romano, accuse Küng de se trouver « fort loin des réalités9 ».

Il a cherché à insinuer que la lettre de 2001 De delictisgravioribus du cardinal Ratzinger aux évêques catholiques sur les crimes les plus graves commis contre les mœurs ou les sacrements impose le secret aux victimes d'abus sexuels commis par des prêtres catholiques, les empéchant de porter plainte10.

Il a dit que Joseph Ratzinger espérait obtenir une place importante dans la hiérarchie catholique; ce que le frère du Pape, le père Georg Ratzinger, a réfuté avec force dans une interview au Weltam Sonntag11.

Il a expliqué être attaché au « Jésus de l'Histoire » et a dit que le Pape Benoît XVI est attaché à un Jésus dogmatique comme défini par le concile de Nicée12. En disant cela, il relativise le Concile de Nicée après avoir relativisé celui de Vatican I.

Il souhaite que le Pape n'exige pas des orthodoxes qu'ils aient à reconnaître les conciles généraux ayant eu lieu après le schisme de 1054, auxquels ceux-ci n'ont pas participé12.

En revanche, il a apprécié l'encyclique Deus Caritas Est publié en 2005, et notamment la réflexion du Pape Benoit XVI sur l' eros et l' agapè.

Œuvres

Infaillible ? Une interpellation, 1971.Dieu existe-t-il ?, 1981.Pourquoi suis-je toujours chrétien? , 1985.Qu'est-ce que l'Église ?, 1990.Christianisme et religion chinoise, avec Julia Ching, mars 1991, {{}}.Liberté du chrétien, 1991.Être chrétien, 1994.Petit traité du commencement de toutes choses, Paris, Le Seuil, 2005.Mon combat pour la liberté. Mémoires I, Paris, Le Cerf, 2006Une vérité contestée. Mémoires, II - 1968-1980, Paris, Le Cerf, 2010.L'islam, Paris, Le Cerf, 2010.Faire confiance à la vie, Paris, Le Seuil, 2010.Peut-on encore sauver l'Eglise ?, Paris, Le Seuil, 2012.

Titres et récompenses

Hans Küng est membre d'honneur du Club de Budapest, dont il a reçu, en 2001 le Prix Conscience Planétaire pour ses réalisations favorisant le dialogue inter religieux dans le monde entier13.

Il reçoit le Prix Niwano de la paix en 2005

Notes et références

↑Hans Küng, Faire confiance à la vie, Seuil, 2010↑(en)Declaration on Hans Küng's book, Being a christian [archive].↑Fondation éthique planétaire [archive]↑(en)Pope's 'culture of death' assessmentgets agreement, withreservations [archive]↑Information reprise sur le site de la conférence des évêques de France [archive]↑Une grande espérance déçue [archive], paru dans Témoignage chrétien.↑(en)Hans Kung uses friendstatus to bash Pope Benedict [archive]↑La politique du pape envers les anglicans est un véritable drame !, Sous couvert d'unité, le Vatican enterre des décennies d'oecuménisme, paru dans le Monde du 29 octobre 2009.↑Débat entre Hans Küng et Rome sur la main tendue aux anglicans [archive]↑http://benoit-et-moi.fr/2010-I/0455009cf20864101/0455009d350f3370c.html [archive]↑http://benoit-et-moi.fr/ete2011/0455009f1b06c3101/0455009f6707b8002.html [archive]↑ a et bhttp://www.lavie.fr/religion/vatican/hans-kung-le-pape-va-contre-vatican-ii-16-02-2010-3284_17.php [archive]↑Remise du Prix Conscience Planétaire [archive]

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

Quels fondements pour une éthique planétaire? Article commenté présentant l'ouvrage Faire confiance à la vie sur e-ostadelahi.fr

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