Le médicament qui guérirait tout ne serait pas rentable

Entrevue Dr. Richard Roberts, Prix Nobel Médecine 1993

Du Journal La Vanguardia:

http://www.lavanguardia.es/free/edicionimpresa/20070727/53380162760.html

(Original español: traducción de partie du text)

 richard

 

Richard J. Roberts. Biochimiste et biologiste moléculaire britannique, est l'un des lauréats du prix Nobel de médecine 1993, pour ses travaux sur les introns ADN et l’épissage des gènes.

Quel mode d’organisation de la recherche est plus efficient, selon vous : celui des Etats-Unis ou celui européen ?

Il est évident que celui des Etats-Unis, auquel les capitaux privés contribuent activement, est plus efficient. Prenez l’exemple des avancées spectaculaires de l’informatique, où les capitaux privés financent la recherche fondamentale et les applications industrielles. Mais ce n’est pas la même chose quant au rôle des industriels dans la santé. Là, j’ai des réserves.

Je vous écoute.

On ne peut pas admettre que les recherches portant sur la santé des êtres humains aient la rentabilité économique pour seul critère. Ce qui est bon pour les actionnaires et pour l’entreprise n’est pas toujours bon pour les personnes.

Qu’entendez-vous par là ?

L’industrie pharmaceutique veut servir les intérêts des capitaux sur les marchés…

C’est le cas de n’importe quelle industrie.

Mais il ne s’agit justement pas de n’importe quelle industrie, car nous parlons de notre santé, de nos vies et de celles de nos enfants comme de millions d’êtres humains.

Mais si les applications sont rentables, les recherches seront meilleures

Lorsqu’on ne pense qu’en termes de bénéfices, on ne se préoccupe plus d’être au service des êtres humains et de leur santé.

Pouvez-vous donner des exemples ?

J’ai connaissance de certains cas dans lesquels des investigateurs dont les recherches dépendaient de financements privés auraient pu mettre au point des médicaments efficaces, capables de guérir définitivement certaines maladies…

Et pourquoi ne l’ont-ils pas fait ?

Parce que trop souvent, l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques n’est pas de guérir les maladies, mais de faire de l’argent, ce qui fait que les recherches sont orientées non pas vers la découverte de médicaments qui guérissent, mais de molécules qui entretiennent la maladie, qui la chronicisent tout en améliorant l’état des malades. Ceux-ci constatent qu’ils vont mieux tant qu’ils prennent les médicaments – et continuent à les prendre.

C’est une accusation grave.

Et pourtant, cela n’a rien d’inhabituel pour l’industrie pharmaceutique. Ses intérêts la poussent à favoriser la recherche de médicaments qui ne guérissent pas, mais ne font que chroniciser les symptômes et les maladies. Pour la simple raison que ces traitements seront beaucoup plus rentables que ceux qui guérissent tout, en une seule cure et pour toujours. Par ailleurs, il vous suffit de regarder les analyses financières des laboratoires pharmaceutiques pour vérifier mes dires.

Il y a des dividendes qui tuent...

Voilà pourquoi je vous disais que la santé ne saurait être un marché comme un autre et qu’on ne pouvait pas non plus la comprendre seulement comme un moyen de faire de l’argent. Et c’est pourquoi je crois que le modèle européen de l’organisation mixte de la recherche, financée par des capitaux privés et publics, est moins perméable aux abus de ce type et ne les facilite pas à ce point.

Pouvez-vous donner des exemples d’abus ?

On a arrêté les recherches menant au développement de nouveaux antibiotiques, parce qu’ils sont très efficaces et guérissent tout. Et puisqu’il n’y a pas eu d’innovation, les microorganismes pathogènes sont devenus résistants, et on voit resurgir des maladies comme la tuberculose, qui a tué un million de personnes l’année passée [en 2006], alors qu’elle avait été éradiquée dans mon enfance.

Vous parlez du Tiers monde ?

C’est un autre triste chapitre… Il n’y a pas de recherches médicales sur les maladies spécifiques au Tiers monde, parce que les médicaments ne seraient pas rentables. Mais non, je vous parlais de notre monde, du "premier monde", celui dans lequel les médicaments qui guérissent ne sont pas rentables, ce qui fait que l’industrie pharmaceutique ne finance pas de recherches là-dessus.

Et les hommes politiques n’interviennent pas pour changer les choses ?

Ne vous faites pas d’illusions. Dans notre système, les hommes politiques ne sont guère que des employés des grands capitaux privés qui investissent ce qu’il faut pour faire élire ceux qui porteront leurs intérêts. Et si ceux-ci ne sont pas élus, les capitaux achèteront ceux qui le sont.

Ils y arrivent de toute façon.

Le capital n’a qu’un seul intérêt : se multiplier. Presque tous les hommes politiques – et je ne le dis pas à la légère – [ont des conflits d’intérêts qui induisent une] dépendance éhontée par rapport aux multinationales pharmaceutiques qui financent leurs campagnes électorales. Tout le reste n’est que démagogie… »

 

Revista ARIEL recommandeà ses lecteurs de lire les suivante links, ils ont pris du Journalisme Humain, par rapport à ce même sujet.

 

Periodismo Humano: http://periodismohumano.com con la serie 'Farmacéuticas: razones para el escepticismo'

La industria farmacéutica hoy. Cualquier producto que demuestre ser mejor que un placebo puede ser comercializado. La industria gasta el doble en promocionar los medicamentos que en su investigación y desarrollo.

http://periodismohumano.com/sociedad/salud/la-industria-farmaceutica-hoy.html

¿Y quién vigila a las farmacéuticas? La relación entre los organismos reguladores y las empresas a las que tienen que regular.

http://periodismohumano.com/sociedad/salud/¿y-quien-vigila-a-las-farmaceuticas.html

Promocionando enfermedades: medicinas para los sanos. Las farmacéuticas exageran sobre afecciones comunes para captar a más clientes. Dos ejemplos: el debilitamiento de los huesos y la disfunción sexual femenina.

http://periodismohumano.com/sociedad/salud/promocionando-enfermedades-medicinas-para-los-sanos.html

Farmacéuticas y médicos: cómo bailar con puercoespines. Congresos, regalos, viajes, relaciones personales, ¿cómo influye la industria en el trabajo de los profesionales de la salud?. En Toledo, un 77% de los médicos recibe a diario la visita de representantes de las farmacéuticas.

http://periodismohumano.com/sociedad/salud/farmaceuticas-y-medicos-como-bailar-con-puercoespines.html