L‘  HOMME  COSMIQUE  EN  GESTATION

Il  ne manque  certes  pas  de  signes  avant-coureurs  pour  annoncer  la  venue de l’âge nouveau,  mais le présage le  plus sûr et aussi  le plus douloureux,  est  cette  soif  intense  de  jouissance  matérielle  qui  semble précipiter  les êtres dans  un  chaos  infernal  et   plein  de  cruauté.

Le défit de l´ humanité qui ne veut pas mourir à quelque chose de grandiose  et  d’héroïque  en  même temps.  Dans les esprits pusillanimes il sème la panique, dans les esprits libres et qui ont la claire vision du péril il raffermit encore le courage.  C’est pourquoi l’  UNION DE SERVICE  UNIVERSELLE,  consciente de son devoir, soutient et intensifie avec ardeur toutes les bonnes solutions qui lui sont proposées, pour trouver un remède aux maux actuels  de l´ humanité.  Un grand changement est nécessaire dans  toute la structure sociale ;  il semble qu’une force formidable pousse les êtres à lâcher ce qui les a  emprisonnés  jusqu’ici,  ce qui les a empêchés de s’épanouir pleinement.  L’ère de  L’ HOMME   COSMIQUE   se fait sentir dans toutes les classes de la société.  Les préjugés, les limitations, les barrières de toute sorte chancellent  et c’est en vain que les partisans du vieux système opposent  toute  leur  énergie  pour  garder ce qu’ils croient être leur patrimoine.  Il faut aux êtres quelque chose de plus grand, de plus pratique, de plus juste, et c’est dans cette direction que doivent se fondre tous les efforts.  Les êtres doivent apprendre à respecter les Principes Universels qui donnent à tous les  mêmes  droits  mais  sans  cependant  commettre  la  grave  erreur  d’en oublier les  devoirs.

Tous les êtres enfin, sont liés indissolublement, et c’est ce que chacun doit s’efforcer de comprendre, afin  de forger  une  homogénéité  plus  concrète et plus  harmonieuse.

On sent nettement que jusqu’ici  l’homme  a  oublié  de  cultiver  la  partie la plus essentielle de son être.  Il a donné  toute son énergie,  tout son savoir,  pour l’édification d’un monde  factice, et totalement privé de son suprême soutien, de cet  amour  inconditionnel  et  incommensurable sans lequel rien  ne  saurait  subsister.

Lorsqu’on  jette un coup d’ oeil sur le passé,  cette  vérité  nous apparaît plus clairement encore, car elle  projette  une  aube  de  lumière  sur  chaque  tournant de l’évolution  humaine,  et nous reconnaissons  alors  que  les  vraies valeurs  reposent  essentiellement en cet esprit grandiose et universel qui anime les philanthropes,  les génies  et  les  grands  guides  de  l’humanité .

A chacune de ses phases évolutives elle a donc ainsi recouvré un peu de son droit d’Ainesse  de cette  ardeur  créatrice et elle  a  donné  des  fruits dignes de sa patrie céleste dans tous les domaines, aussi bien de la science que de la beauté, de l’altruisme ou de l’héroïsme.

Cette  voie  demande  certes  un  grand  effort,  mais  rien  ne  peut  résister  en  définitive à  cette impulsion  de l’Ame Universelle, car c’est  bien du sein d’elle-même  que jaillissent périodiquement ces étincelles, ces phares cosmiques.

L’Humanité  l’a  peu  ou  mal  compris  jusqu’à ce jour, et  c’est pourquoi elle menace de s’effondrer sous le flot de sa cruelle  ignorance et de sa déchéance  morale.

A ceux qui ont en eux la volonté,  la force de vivre pleinement et sainement,  il  appartient de bâtir les fondations d’un monde nouveau, plus rempli de sagesse, de bonté, de dignité et de justice.

La  jeunesse  doit  avoir  une  large  part  dans  cet  immense  travail,  car elle a la vigueur,  l’enthousiasme,  l’extrême mobilité de conception si  nécessaires   pour  aller  de l’avant,  et  l’âge mûr  apportera  aussi  sa  large  part  de  tolérance, de dévouement et de sagesse.  Cette  période de transition peut être assez longue car une  telle renaissance ne peut s’ accomplir rapidement, et son aboutissement dépend uniquement de la  compréhension  et  de  la  bonne  volonté  de  chacun.  Aussi  on  peut  dire  avec  certitude  que  tout  effort  accompli  dans  le  but  de  diriger  les  êtres  vers  une  plus  complète  maîtrise de soi-même,  une  plus  grande  largeur de vue,  un  jugement plus sain et plus charitable,  est  un  pas  en  avant   vers  l’avènement  de  cet  âge  nouveau.  L’ être  actuel  a  son  mental  trop  rempli  d’automatismes  et  de  formules  toutes  faites  qu’il  oppose  bien souvent  à la  logique   de sa  propre conscience.  Il a presque  entièrement  annihilé  cette dernière.  Et  s’est  laissé  domestiquer  et  mettre  en   tutelle  par ce que  son  mental  inculte  a  choisi  de  chérir,  et  ceci  l’a  conduit à  soutenir  et  à  accepter  des  états   de  vie  sans  bonté, sans justice et sans noblesse d’esprit.  La  grande  renaissance  doit  donc  trouver sa principale  source  dans  les  profondeurs de l’être,  et  c’est  là, tout d’abord, que  doit  s’accomplir  le  grand  relèvement.

L’architecte  n’est-il  pas  plus  grand  que  le  plan  lui-même ?   Il  convient   alors de lui rendre sa véritable place, en  toute occasion, faute de quoi  le  néant  remplira bientôt tout l’Univers et nous  ressemblerions  à  l’apprenti  sorcier  complètement  dépourvu de sagesse.  Ces  réelles  valeurs de l’esprit  doivent  reprendre la place qui leur est  due,  si  l’on  veut que  la  société  jouisse  d’un parfait  équilibre  et  soit  dotée d’une vie heureuse,  exempte de vice, et de décrépitude morale.  Ainsi  la  pleine  confiance  mutuelle  reparaîtra et chacun  fournira  sa  mesure, mesure si nécessaire au relèvement et au bien-être général.

L’ordre sera  assuré  d’une façon équitable et sans violence,  et la différence de caste  n’existera que dans la noblesse de l’esprit.  L’injustice étant bannie de  la  société,  il  n’y aura plus  de  place  pour  la  vengeance  ou  pour   la  haine,  et  l’on  pourra ainsi  dire  que  le  règne de l’Esprit est pleinement  rendu  manifeste.

Vouloir  entreprendre  chercher  une  solution  en  dehors  de  ces  principes  fondamentaux  serait  folie,  car  il  serait  plus  facile  alors  de  changer  le  cours  des  rivières  et  des  fleuves.

L’humanité  aura-t-elle  assez  de  bon  sens  pour  le  comprendre ?   c’est  ce  que l’avenir nous dira, mais il faut  commencer  dès  aujourd’hui  à  répandre  ces  nobles  idéaux dans  tout  l’Univers,  afin  que  les  êtres  de  bonne   volonté  perçoivent  la  lumière  et  s’intègrent  plus  pleinement  à  elle.

La vie reste  immuable,  harmonieuse et sublime  pour  qui  sait  maîtriser  ses désirs  et  diriger  ses  forces   et  c’est  là   seulement  que  réside  la  sagesse.

L’  HOMME   COSMIQUE  doit  surgir  de  cet  immense  maelström  qui  balayera  tout  ce qui   ne  saura  lui  servir et rien  ne  pourra  arrêter  son  essor.

La  tâche est  extrêmement  lourde  et  délicate,  car  cette  civilisation  matérielle à  outrance  a  rempli    les  esprits  les  mieux  conditionnés  de  doutes,  de  craintes  et  de  confusion.

L’homme  est  devenu un  ennemi  pour   lui-même  en  ce  sens  qu’il  reste  incrédule  et  soupçonneux à toute idée noble  et  désintéressée  et  ceci  parce ce que  son âme  a  perdu  toute  fraîcheur.

Son  éducation est à remanier entièrement et il serait  grand temps que  des éducateurs éclairés  prennent  en  main  cette  oeuvre  splendide de  reforger  les  âmes,  en  insufflant  dans  tous  les   coeurs  de  nos  jeunes,  cette  certitude et  cette  confiance  dans  le  triomphe  de  tout  ce  qui  est  noble  et  généreux.

Ceci nous devons aussi l’attendre de nos grands littérateurs,  lesquels  feraient  bien  de  moins  s’appesantir  sur  les  sujets  qui  menacent  de  troubler  les  jeunes  cerveaux   encore   incapables  de  judicieux  discernement.

Dans  cette  branche  un  grand  travail  s’impose  et  cette  sorte  de  cynisme  outrageant  qui  s’efforce  de  développer  au  maximum les  choses  malsaines  ou  monstrueuses  devrait  prendre  fin.  Il y  a  de  si  nobles  causes  qui  restent  dans  l’ombre  uniquement  parce qu’on  préfère jeter  en  pâture  toute  sorte  de récits ou de scènes odieuses.  Est-ce  donc  que  tous  les  êtres  ont  totalement  PERDU  toute  estime  du  mérite  ou  tout  sens de justice,  pour se divertir  ainsi dans ce qui constitue la dégradation et la honte.

Au  foyer également,  une plus  grande  discipline  morale  ferait  merveille  et  permettrait  à  ces  chères petites âmes de garder plus  longtemps  leur émerveillement,  leur  confiance en la vie.

Oui,  il  serait  temps  de  changer  ce  vieux  système  d’éducation  qui  enchaîne  les êtres  à  des  traditions  néfastes  et  périmées ;  il  faut  à  tout  prix  laisser  aux  jeunes  leur  enthousiasme  pour  affronter  la   vie,  et  tout  en  leur  montrant  la  voie  de  la  sagesse  leur  faire  comprendre  qu’ils  sont eux-mêmes  les  propres artisans de leur bonheur ou de leur  défaite ;  leur enseigner, au moins dans les grandes lignes, le  mécanisme qui  régit  tout  leur  être,  afin  qu’ils  deviennent  plus  conscients  de  leurs  possibilités et,  en  même temps,  plus  soucieux  de  développer   ce  qu’il  y  a  de  meilleur  en  eux-mêmes.

Cette  attitude  aiderait, ce me  semble, beaucoup  d’êtres  à  découvrir  et  à  réaliser  la  vie  dans  son  ensemble  harmonieux  et  splendide.  Oui,  c’est  là que réside  tout  le  problème  :  l’heure est  grave  certes,  mais l’on peut tout, lorsqu’on  a  en soi une parcelle de vérité  et  que  l’âme  est  vivante  et  bien   trempée.

La  vie  est  infinie  et  ne  s’arrête   jamais,  il  importe  cependant  que   chaque  journée  soit  remplie  avec  soin,    et  si  l’on  veut  voir  la  joie  du  succès  éclairer  toutes  les  âmes.

Comment pourrait-on douter de ce succès quand les bases éternelles de la vie  résident en toute chose, mais là encore l’important est de savoir les découvrir et les prendre pour guide tout au long de la vie.  La nature entière dans sa suprême harmonie nous invite à intensifier nos efforts et à prodiguer nos soins  aux jeunes âmes qui viendront demain se réchauffer, elles aussi,  aux purs et chauds rayons du soleil éternel.

Sachons  accueillir  avec  joie  tout  effort  consacré  au  seul  but  suprême  et  efforçons-nous   toujours  de   lier  le  coeur  à  la  pensée  afin  de   la  rendre  vivante.

On pourrait  longtemps  encore parler sur toutes ces choses, car elles trouvent  un  écho au  fond de tous les êtres,  mais  ce  qui  est  le  plus  paradoxal et désarmant, c’est que trop peu d’ entre eux ont le  courage de  commencer  à  les  appliquer  dans  leur propre vie.

Est-ce  donc  si  difficile  de  faire  ce  que  nous  dicte  la conscience,  sans  exiger,  attendre  toujours  que  son  frère fasse le premier pas!   N’avons-nous  pas  chacun  notre  tâche  à  remplir  ici bas et  la  joie que l’on  donne  n’est-elle  pas  toujours  la  plus  pure  et  la  plus  sacrée ?

Cultivons-les avec  amour  ces  joies sacrées,  afin  qu’elles  éclairent  notre  âme  et  illuminent  toutes  celles  qui  les  entourent,  nous  aurons  fait  ainsi  notre  part  de   travail.

Souvenez-vous que l’Esprit est Universel et parfait, et que c’est le corps seulement, le véhicule d’expression, qui est imparfait et impur.  C’est  à  nous, donc,  de convertir   le  corps  (mental ou  physique) en véhicule expressif  de  forces  et conditions  idéales,  bien choisies, et  dont  nous  avons  intimement besoin.

Ne reculez devant rien.  Soyez forts en ce qui vous  concerne.  Si  vous  n’êtes  pas  exigeants  et  forts  envers  vous-mêmes, vous  ne  parviendrez pas à remporter de grandes victoires  morales  sur  vous-mêmes.  Surtout,  sachez que vous ne pouvez pas remporter plus de victoires sur le monde extérieur que vous n’en remportez  sur  votre  propre  personne.  Plus  vous  vous  dominez,  mieux  vous  dominerez  les  circonstances et les conditions de  votre entourage.

Etre fort,  voilà   la  consigne  des  âmes  qui  partent  à  la  conquête  des  Grands  Mystères  de  la  Vie ,  et  qui  veulent  devenir  des  exemples   de  grandeur  et  de  puissance.

Ne prêtez pas ouïe aux chants de sirène des charlatans de l’occultisme ou des brigands du mysticisme qui vous offrent des merveilles de métaphysique et de bonheur dans l’au-delà, tandis qu’ils vous exploitent ici-bas.  Attention aux prêtres qui vous  parlent de leur Dieu d’Amour et de Sagesse, mais qui, cependant,  sont  des  professeurs de haine et de passions  monstrueuses.  Avant de  suivre  quelqu’un  comme  paradigme  de  votre  idéal,   sachez s’il est  capable de haïr, d’orgueil, ou de nuire, ne fut-ce qu’à un brin d´herbe, ou même de médire ou de maudire.  A  ces  âmes indignes,  refusez  votre  confiance  et  même  votre  amitié,  car elles ne sont que des  vampires qui vous  exploitent  par votre crédulité ou  par votre  ignorance.

Efforcez-vous d’être le frère ou la soeur de tous  les êtres vivants,  et  n’acceptez  rien,  pas  même  une  pensée ou  un  geste  qui  ne  soit  harmonieux  ou  qui  puisse  nuire   à  autrui.  Cessez  avant tout  d’être   méchants   si  vous  voulez  être bons,  et rejetez  votre ignorance  si  vous  voulez  devenir sages.

Ainsi  toujours  nobles dans vos pensées et actions, vous arriverez  à  mieux comprendre  le  Message  du  Coeur  et  à  vous servir  des  Puissances  de  l’Esprit.  Notre   tâche   se  borne  à  vous  aider,  à  vous   protéger  et  à  vous  bénir  tout en vous  instruisant ;  mais  votre tâche  est  bien plus  grande,  puisqu’elle  consiste  à  vous  rendre  dignes  des Vérités Universelles  et  des  grandes  réalisations de la vie.

Soyez  toujours de vraies  Ames  Soeurs, unies en une  seule  Grande  Famille  Universelle,  et  autant  que  vous  Méditerez  ensemble,  vous  mériterez  la  Bénédiction des  Esprits  Supérieurs  dans  l’ Eternité.

Koot  Hoomi  Lal  Singh
Maha  Chohan

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Message  adressé  au  Congrès  tenu  à  Paris.  1949